Translate

quarta-feira, 18 de maio de 2011

Les ambitions des CMN à l'export, mais aussi en France

Le patrouilleur hauturier Vigilante 1400 CL 78
crédits : CMN


25/06/2009

A l'occasion de la mise à flot de la corvette Baynunah, plus grand navire militaire réalisé par les Constructions Mécaniques de Normandie, nous revenons aujourd'hui sur les produits et les ambitions de l'industriel cherbourgeois. Spécialiste des superstructures en aluminium et de l'intégration de multiples senseurs et systèmes d'armes sur des plateformes de petite taille, les CMN, dans le domaine naval, se positionnent sur deux segments. Le premier, à l'image de la célèbre famille des Combattante et aujourd'hui de la Baynunah, est celui des navires rapides, furtifs et puissamment armés, capables de porter des coups dissuasifs à l'ennemi. Le constructeur, qui a également développé une gamme d'intercepteurs rapides, se positionne fortement sur les bâtiments de souveraineté. De taille moyenne, ces unités doivent être économiques et disposer d'une solide endurance. Dans cette catégorie, les patrouilleurs du type P400 de la Marine nationale, opèrent depuis plus de 20 ans dans les espaces océaniques. Sur cette base, les CMN ont développé la famille des Vigilantes.


Vigilante 1400 CL 78 (© : CMN)

La Vigilante 1400 CL 78 pour remplacer les patrouilleurs de la Marine nationale

Sur ce segment, un nouveau navire, la Vigilante 1400 CL 78, devrait servir de base aux CMN pour se positionner sur le remplacement des patrouilleurs de la Marine nationale. Cette dernière commence à voir le retrait du service des P400 (une série de 10 unités), à commencer par La Fougueuse, récemment rentrée à Brest pour être désarmée. La capacité sur ce type de bâtiment sera provisoirement maintenue par le reclassement des 9 avisos du type A 69 en patrouilleurs de haute mer. Mais, à partir de 2017, la loi de programmation militaire (LPM) prévoit la livraison du premier d'une nouvelle série de « patrouilleurs hauturiers ». Pour remplacer les Audacieuse «(54 mètres, 480 tonnes en charge), les marins souhaitent des bateaux plus importants. Il s'agit, en effet, de disposer d'unités offrant une meilleure tenue à la mer, une plus grande autonomie et une capacité d'emport d'hélicoptère.


Vigilante 1400 CL 78 (© : CMN)

Ces bateaux doivent, dans le même temps, être simples et robustes, tout en présentant un coût de fonctionnement et d'entretien limité, notamment via une maintenance allégée et un équipage réduit. Ils doivent aussi répondre aux besoins en matière de lutte contre le narcotrafic, la piraterie et le terrorisme. Suivant cette idée générale, les CMN proposent un premier projet : La Vigilante 1400 CL 78. Du type Ocean Patrol Vessel (OPV), ce bateau de 79 mètres de long et 13.4 mètres de large aurait un déplacement de 1400 tonnes. Doté d'une puissance propulsive de 18 MW, il pourrait atteindre la vitesse de 24.5 noeuds et disposerait d'une autonomie conséquente, de l'ordre de 6000 nautiques à 12 noeuds (30 jours d'opérations). Disposant d'une plateforme et d'un hangar pour un hélicoptère (ou des drones), ce bateau pourrait accueillir une cinquantaine de personnes, pour moitié en équipage. Des logements sont en effet prévus pour héberger une unité de commandos, des embarcations rapides étant logées de part et d'autre du navire.
Outre la Marine nationale, on estime aux CMN que ce concept pourrait intéresser d'autres flottes, soucieuses de renforcer leurs capacités de surveillance maritime hauturière.


Vue de la Baynunah (© : CMN)

Baynunah : Le haut de gamme des CMN

Les CMN fondent également beaucoup d'espoir dans leur gamme de navires de combat de 40 à 70 mètres. A Cherbourg, l'industriel travaille actuellement sur la première des six corvettes commandées en 2003 et 2005 par les Emirats Arabes Unis. Du type Baynunah (Combattante BR 71), ce navire, mis à flot aujourd'hui, sera livré en 2011 après la phase d'intégration et d'essais. Long de 72 mètres pour une largeur de 11 mètres et un déplacement de près de 800 tonnes en charge, ce bâtiment est particulièrement armé pour une unité de cette catégorie. Il embarquera, en effet, 8 missiles antinavire Exocet MM40 Block3, 2 systèmes de lancement vertical pour 8 missiles surface-air ESSM, un système surface-air RAM, une tourelle de 76 mm, deux canons de 30 mm, et disposera d'un hangar et d'une plateforme pour un hélicoptère.


Combattante BR71 ou Baynunah (© : CMN)


Combattante BR70 et BR71 (© : CMN)


Patrouilleurs du type BR42 (© : CMN)

Outre les Baynunah, le constructeur français propose toute une gamme de patrouilleurs armés de la famille Combattante, comme les BR42 réalisés entre 1998 et 2000 pour le Koweït. Longs de 42 mètres pour un déplacement de 250 tonnes en charge, ces bâtiments disposent de quatre missiles antinavire Sea Skua, 1 canon de 40 mm, deux canons de 20 mm et une mitrailleuse de 12.7 mm. Les 8 bateaux Koweïtiens font actuellement l'objet d'un programme de remise à niveau, portant notamment sur la propulsion et le traitement des obsolescences.


Combattante BR62 S (© : CMN)

Patrouilleurs furtifs

Les CMN se positionne également sur le marché des patrouilleurs furtifs. Un projet, baptisé Combattante BR 62S, donne une bonne idée des solutions proposées. L'armement est, notamment, totalement intégré aux superstructures, qu'il s'agisse de cellules à lancement vertical pour les missiles antimissiles, ou de logements intégrés à la coque pour les missiles antinavire. Le Combattante BR 62S dispose, en outre, d'une mâture unique regroupant les radars de veille et les moyens de guerre électronique. A l'instar de la Visby norvégienne, elle pourrait être dotée d'un canon dont l'affut, lorsqu'il ne sert pas, est encastré dans la tourelle de manière à limiter la surface équivalente radar. CMN place de grands espoirs dans cette nouvelle génération de navires. Le groupe pourrait d'ailleurs, prochainement, annoncer la signature d'un important contrat pour la réalisation de patrouilleurs novateurs inspirés de ce concept.


Vigilante 400 CL54 (© : CMN)

Une gamme complète d'OPV

En attendant la commande éventuelle d'un navire comme la Vigilante 1400 CL 78, les CMN ont déjà remporté, ces dernières années, plusieurs succès à l'export sur le segment des patrouilleurs du type Ocean Patrol Vessels (OPV). Ces unités hauturières, peu armées, doivent être capables de mener de longues missions de surveillance maritime et de répondre aux nouveaux besoins, comme la lutte contre la piraterie ou le narcotrafic. A cet effet, la famille des Vigilante a déjà été vendue à plusieurs pays. Le Brésil a notamment acquis deux unités du type Vigilante 400 CL54. Dérivés des patrouilleurs P400 de la Marine nationale, ces bateaux de 52 mètres et 500 tonnes, armés d'un canon de 40 mm et deux mitrailleuses de 12.7, sont réalisés en transfert de technologie par Industria Naval Do Ceara (INACE) aux chantiers Fortaleza. Les CMN apportent un soutien technique pour ce programme, en marge duquel elles ont signé en avril 2005 un accord de coopération avec Empresa Generencial de Projectos Navais, société en charge de la promotion et du développement de l'industrie brésilienne de défense. L'industriel français a, d'ailleurs, vendu une licence à EMGEPRON pour la réalisation de quatre patrouilleurs supplémentaires. Malgré cette présence au Brésil et la vente, précédemment, de trois Vigilante à l'Uruguay et six autres au Pérou (classe Velarde - PR 72), le groupe français semble faire face à des débouchés limités en Amérique latine. L'Afrique et la région du Golfe restent donc, pour CMN, la région la plus prometteuse. Face aux besoins croissants de surveillance maritime (immigration, piraterie, drogue, contre-terrorisme), le constructeur espère bien vendre de nouveaux patrouilleurs de surveillance.
Enfin, on doit également au groupe français la famille des Intercepteur, petites unités de 15 mètres capables de filer 50 noeuds et dotés d'une artillerie légère.


Intercepteur DV20 (© : CMN)

Reprises en 1992 par les frères franco-libanais Iskandar et Akram Safa, les CMN emploient 450 personnes, principalement dans le Cotentin, et ont vendu en 40 ans quelques 129 patrouilleurs et corvettes dans une vingtaine de pays. A Cherbourg, CMN s'étale sur quelques 150.000 m2, dont un tiers de surface couverte. Le chantier, spécialistes des structures en aluminium, dispose d'un système de mise à l'eau Synchrolift de 90 mètres de long pour 27 mètres de large (capacité 3500 tonnes). Outre les navires militaires, les Constructions Mécaniques de Normandie sont également présentes sur le segment des yachts, achevant cette année deux unités de 60 mètres, les Slipstream et Cloud 9.


Le site des CMN à Cherbourg (© : CMN)