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quinta-feira, 23 de setembro de 2010

Pétroliers-ravitailleurs : Vers une coopération franco-britannique ?

Le Wave Knight , livré en 2003 à la Royal Fleet Auxiliary
crédits : BAE SYSTEMS


24/09/2010

Si la perspective d'un porte-avions ou de patrouilles de sous-marins stratégiques communs semble plus tenir du fantasme que de la réalité opérationnelle, la possibilité d'établir une coopération franco-britannique autour des flottes logistiques a plus de chances d'aboutir. Paris et Londres travaillent en tous cas dans ce sens, les réflexions étant appuyées par la nécessité, pour la Royal Navy et la Marine nationale, de renouveler au même moment leurs ravitailleurs.
Suspendu en janvier 2009 pour raisons budgétaires avant d'être relancé en mai 2010, le programme Military Afloat Reach and Sustainability (MARS) vise à remplacer les navires du type Rover, Appleleaf et Fort Austin, puis les Wave et Fort Victoria de la Royal Fleet Auxiliary. Initialement, le ministère britannique de la Défense (MoD) prévoyait de commander 6 pétroliers-ravitailleurs, 2 ravitailleurs de combat et 3 unités de soutien logistiques. Dans cette configuration, les 5 derniers auraient été réalisés en Grande-Bretagne, alors que les 6 pétroliers-ravitailleurs étaient destinés à être construits à l'étranger. Dans cette perspective, un appel d'offres a été lancé en 2008, le Mod recevant des propositions de Fincantieri (Italie), Navantia (Espagne), ainsi que des groupes sud-coréens Hyundai et Daewoo. Pour les unités réalisées au Royaume-Uni, plusieurs industriels, dont BAE Systems allié à BMT Defense Services, ainsi que Rolls-Royce, ont proposé leurs designs. Mais, pour l'heure, aucune commande n'a été passée, notamment en raison des difficultés budgétaires rencontrées par les armées anglaises.


Le Brave de DCNS ravitaillant une FREMM (© : DCNS)

DCNS travaille sur un nouveau concept

Et, désormais, le projet pourrait évoluer vers une coopération franco-britannique. Paris, qui souhaite vivement se rapprocher de Londres, mène avec son partenaire une réflexion sur un projet commun. Les calendriers sont en effet compatibles. En octobre 2009, le ministère français de la Défense a décidé de lancer une étude visant à déterminer les caractéristiques des futurs bâtiments du programme Flotte Logistique. Destinées à remplacer les Meuse, Var, Marne et Somme, ces nouvelles unités doivent entrer en service entre 2015 et 2020. Comme en Grande-Bretagne, les militaires français souhaitent des navires polyvalents et construits aux normes civiles, afin de réduire les coûts. En la matière, DCNS travaille sur un nouveau concept, baptisé Brave. Afin de répondre à la nécessité, en plus du remplacement des pétroliers-ravitailleurs, de compenser le désarmement des bâtiments ateliers, le nouveau navire logistique imaginé par le groupe français dispose de vastes soutes à combustible, mais également d'une zone modulaire permettant d'accueillir des ateliers ou servant au stockage de matériels. Devant également être proposé à l'export, le le Brave pourra également être aménagé pour disposer d'une capacité de transport de troupes et de véhicules. DCNS ne construisant plus de grandes plateformes, les futurs bâtiments logistiques français seraient en toute logique réalisés à Saint-Nazaire, chantier civil rompu aux normes de la Marine marchande.


Le BCR Var (© : MARINE NATIONALE)

Et si on y ajoutait le porte-avions ?

Si une coopération est lancée entre la France et la Grande-Bretagne, il conviendra donc de voir quel design sera retenu et quelles concessions seront imaginées entre les industriels. Comme à chaque fois dans le cadre de coopérations, des considérations politiques, stratégiques et sociales, dans chaque pays, s'inviteraient évidemment dans les discussions. Des pistes très inventives pourraient même naître. Certains imaginent, par exemple, une solution englobant la problématique des porte-avions. Alors que la Grande-Bretagne semble en difficulté pour maintenir la réalisation du HMS Prince of Wales (sistership du HMS Queen Elizabeth en cours de construction) et que la France souhaite toujours se doter d'un second porte-avions, on pourrait imaginer que la Marine nationale récupère la coque du Prince of Wales, adaptée à ses besoins. Le design des navires britanniques ne s'y oppose pas, ces porte-avions ayant été étudiés en coopération avec la France entre 2006 et 2008 (ils ont notamment été conçus pour pouvoir recevoir des catapultes). Il « suffirait » donc de ressortir les plans français de l'époque et de modifier légèrement la coque du navire, qui pourrait ensuite être achevée en France. Cela permettrait de maintenir de l'activité dans les chantiers britanniques et laisserait quelques années supplémentaires à la Royal Navy pour trouver les fonds nécessaires à la construction de son second porte-avions. En contrepartie, Londres pourrait, alors, décider de faire réaliser ses nouveaux bâtiments logistiques en France, ce qui amènerait de la charge aux chantiers tricolores...