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domingo, 13 de abril de 2008

Une force maritime internationale contre la piraterie

Une force maritime internationale contre la piraterie

Somalie : convoi sous protection militaire française
crédits : MARINE NATIONALE


14/04/2008

L'affaire du Ponant a, enfin, mis en lumière le danger que représente la piraterie pour le trafic commercial international. En 10 ans, pas moins de 3200 marins ont été pris en otage par des pirates. Parmi eux, 500 ont été blessés et 160 tués. Loin de diminuer, le phénomène s'amplifie, au large de la corne d'Afrique comme dans le golfe de Guinée, en Afrique de l'ouest. Et en Asie, le détroit de Malacca, moins périlleux que jadis, est toujours le théâtre d'attaques. Le trafic générant les "trafics", l'explosion du commerce mondial, dont 90% passe par voie maritime, a vu l'essor d'une piraterie qui n'a rien à voir avec le petit brigandage. « Nous sommes confrontés à une vraie menace pour le trafic maritime. Le phénomène est en hausse avec des pirates de plus en plus équipés et organisés. Ils disposent de moyens de communication performants, de navires bases avec des vedettes rapides et d'informations sur les navires croisant dans les zones où ils opèrent », explique Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président de la République. Après avoir mené à bien le sauvetage des 30 marins du Ponant et, pour la première fois, avoir intercepté leurs ravisseurs, la France souhaite maintenant aller plus loin. « Nous allons prolonger cette opération par une initiative internationale et nous allons demander que sous mandat de l'ONU une force internationale, à laquelle naturellement la France est prête à participer, puisse oeuvrer à la sécurité du transit maritime », a indiqué ce week-end, depuis le Japon, François Fillon.


Un pétrolier sous protection de la marine dans le golfe d'Aden (© : MARINE NATIONALE)

Menace sur les grands noeuds de communication

L'initiative française se situe dans le prolongement de l'opération d'accompagnement militaire des convois du Programme Alimentaire Mondial vers la Somalie. Le 25 septembre dernier, Nicolas Sarkozy avait en effet proposé à l'ONU que la Marine nationale escorte les cargos, régulièrement attaqués par les pirates. De novembre à février, les avisos Commandant Ducuing et Premier Maître l'Her s'étaient relayés pour assurer la protection de six convois. Plus de 30.000 tonnes de vivres avaient été acheminés sans attaque, permettant de ravitailler un million de personnes. Le relais a, depuis, été pris par la marine danoise, qui devrait passer le témoin à la flotte néerlandaise. Mais la simple escorte des navires du PAM n'est pas suffisante, comme on l'a vu avec le Ponant, pour dissuader les pirates d'opérer au large de la Somalie. Ayant touché de fortes sommes d'argent de précédents détournements, ces bandes se sont « professionnalisées » et menacent directement l'un des principaux noeuds de communication mondial. C'est, en effet, par le nord de l'océan Indien que transitent à destination de l'Europe le pétrole venant du golfe Persique, mais aussi les millions de conteneurs importés depuis l'Asie, sans parler des autres marchandises. Et, avant même qu'un tanker ou un porte-conteneurs n'ait été attaqué, la piraterie pèse déjà économiquement. Ainsi, selon l'Elysée, concernant les assurances, le surcoût inhérent à la menace pirate serait déjà d'un milliard de dollars.


Les pirates sont notamment armés de lance-roquettes (© : US NAVY)

Des pirates aux moyens « de plus en plus puissants et de plus en plus dangereux »

Or, selon Jean-David Levitte : « De prise d'otages en prise d'otages, ils se dotent de moyens de plus en plus puissants et deviennent de plus en plus dangereux ». Dans la région du détroit de Malacca, des Etats comme Singapour, la Malaisie ou l'Indonésie on déjà mis en place des moyens importants pour endiguer la piraterie; les pays riverains de la corne d'Afrique et du golfe de Guinée n'ont pas les moyens de répondre efficacement à cette menace. « C'est pourquoi la communauté internationale doit s'organiser pour faire face à ce fléau qu'est la piraterie ». Et, à ce propos, la France va soumettre à l'Organisation des Nations Unies trois axes de travail. Le premier s'attache au cas des Etats n'ayant pas les moyens d'assurer la sécurité de leurs eaux territoriales. « Il serait souhaitable que tous les Etats qui n'ont pas les moyens de se protéger décident de renoncer volontairement à cette barrière symbolique des eaux territoriales; de façon à ce que les Etats qui seraient engagés dans une opération de récupération ne soient pas bloqués à la limite des eaux territoriales ». La seconde proposition vise à inciter les pays ayant des moyens suffisants à organiser des patrouilles maritimes internationales dans les eaux sensibles. A commencer par le golfe d'Aden, entre la Somalie et le Yémen, ainsi que le golfe de Guinée, où la piraterie s'est développée au large du Nigéria et de l'Angola.


Somalie : équipe de visite de la marine sur un cargo (© : MARINE NATIONALE)

Droit de poursuite dans les eaux territoriales

Enfin, Paris va soumettre une dernière idée. Les Etats qui, de temps à autres, sont confrontés à des actes de piraterie pourraient se déclarer volontaires, par avance, pour laisser s'opérer, dans leurs eaux, des actions de lutte contre la piraterie. « Le facteur temps est en effet très précieux et si il faut commencer à discuter avec un gouvernement, on risque de laisser les pirates disparaître à terre et, ensuite, il devient impossible de mettre la main dessus ». En dehors de l'ONU, où le représentant de la France au Conseil de sécurité devrait commencer à travailler avec ses 14 collègues, cette question sera au coeur de la réunion organisée cette semaine, en Tanzanie, par l'Organisation Maritime Internationale. La piraterie sera à l'ordre du jour de cette conférence réunissant une vingtaine de pays de l'océan Indien. « Il ne reste plus, à cet égard, à la conférence de l'OMI, qui se tient cette semaine à Dar-es-Salam que de confirmer ses intentions - spécifiquement sur le droit de poursuite des pirates opérant en haute mer dans les eaux territoriales des États riverains - pour que le système de lutte contre la piraterie devienne beaucoup plus dissuasif dès lors qu'il est combiné avec une présence affirmée de forces navales dans les zones concernées », souligne Francis Vallat, président de l'Institut Français de la Mer.

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